Quand l’hiver apporte les nuits longues et froides, les lumières réchauffent les yeux de celles et ceux qui ont peur de s’éteindre. Ainsi je me recharge en pleine nuit par une visite au clair de lune sous ma couverture polaire au bord du lac gelé.
Vient à moi ce pigeon qui a encore plus la tremblote que moi, je le sens prêt à rester près de moi, alors je mets dans mes mains le souffle chaud qui va lui porter une vague de mes sentiments d'amitié les plus sincères.
C'est mon ami le pigeon, qui me maintient éveillé par ces températures à faire jaser des climatosceptiques qui ne trouvent rien d'autre à faire que de proférer leurs peurs et une bonne surdose de débilité. Bref, ce n'est pas le sujet.
Ce qu'il y a c'est que je vis dehors, je vis loin de chez moi, j'ai perdu la garde de mes enfants, je n'ai plus de papier d'identité, il ne me reste que ce pigeon qui par moins 15 degrés vient près de moi et malgré lui illumine ma nuit froide et réchauffe mes yeux avec tant de désintérêt pour mon statut de homeless ( s.d.f) que je me sens une raison de vivre.
Je me mets à penser au printemps et ses oiseaux migrateurs, à la douce odeur du magnolia de l'été. Je me dis que demain, j'appellerai le 115 pour dormir au chaud, même si je ne supporte plus emprunter ces smartphones polluants et dont les composants de fabrication bafouent les droits humains. Bref, ce n'est pas le sujet.
Je veux juste une raison de vivre, je vais pas rester comme ça prisonnier du froid dans ce parc bien qu'il soit apaisant et accueillant, au moins ici je ne dérange personne et je me suis fait un ami pigeon qui reste près de moi.
